Les espaces partagés sont plus que de simples espaces physiques pour les start-up, PME et même grands groupes. Explications.
Encore rares il y a une dizaine d’années, les espaces de coworking sont toujours plus nombreux dans le monde (22 000) et drainent désormais 2.2 millions d’utilisateurs, soit 28 fois plus qu’il y a 7 ans selon Global Coworking Survey 2019 ! La France, dont le maillage territorial se densifie d’année en année, n’est pas en reste. Ces espaces proposent aux coworkers de partager un espace de travail tout en profitant d’un équipement mutualisé, et cela à des tarifs accessibles. Alors, simple tendance de lieux « hipsters » ou « bobo » ? Pas si sûr. De plus en plus d’entreprises, grands groupes comme PME, franchissent le pas parce que les bienfaits à court et à plus long terme ne leur ont pas échappé.
Collaboratif, collectif, coopératif
Celles qui cèdent aux sirènes des espaces mutualisés ont bien compris que les mentalités ont largement évolué vers le caractère essentiel du « co » de coworking : collaboratif, collectif, coopératif…
« Nous apprécions ce que nous nommons les petits conforts supplémentaires : la durée de trajet réduite parce que le lieu est central, l’aménagement de l’espace, la facilité de paiement, mais aussi l’esprit de communauté », déclare ce salarié d’une PME du secteur informatique qui compte 200 salariés, dont une trentaine se rend dans ce genre d’endroit.
Si les grands groupes toujours très rationnels investissent aussi 20% des espaces partagés, c’est parce qu’il n’est pas seulement question d’un espace physique, mais aussi d’un état d’esprit et d’un mode de travail. Vous avez dit énergie positive ? Le travail collaboratif teinté d’esprit communautaire est un cocktail essentiel à la créativité, si vitale aujourd’hui. « Ceux qui gèrent ces espaces sensibilisent d’ailleurs quotidiennement à ces notions de cotravail, de participation à des tâches communes et d’autodiscipline », précise ce dirigeant d’une entité spécialisée dans la production de fictions audiovisuelles. Ces lieux sont l’occasion de tester des méthodes innovantes initiées par les freelances et les startuppers qui cherchent constamment à réaliser des économies par le partage et à véritablement prendre le tournant numérique… Bref, de quoi rajeunir sa culture d’entreprise au contact d’éléments dynamiques, acquérir les codes de la socialisation, de la mutualisation des connaissances et de l’entraide… Cette richesse sociale est inestimable, en ce sens qu’elle facilite la propension des salariés d’une PME à travailler en mode projet. Après « l’homme-fonction » des grands groupes, l’espace de coworking a créé « l’homme-projet ».
Ambiance cool, réseautage et marque employeur
Il existe d’autres avantages plus prosaïques.
Un coût plus avantageux que prévu
« L’association existait depuis 2 ans et nous n’étions pas structurés quand nous avons opté pour cette option clé en main. Elle pouvait paraître onéreuse au départ, mais si on met bout à bout toutes les charges inhérentes à un local, la solution s’est finalement révélée idéale pour mettre le pied à l’étrier de notre entité émergente ; celle-ci n’avait pas de visibilité quant à son évolution et ne pouvait pas se permettre d’emblée un bail 3-6-9 », reconnaît ce chef d’entreprise. Exagéré ? Pas tant que ça si on prend en compte toutes les dépenses de l’exploitant du site de travail partagé. Ainsi, une simulation (*) montre qu’un poste dans un espace de coworking de Bordeaux revient à 300€ par mois en bureau privatif – et à 240€ en bureau ouvert – contre 377€ avec une solution classique pour 10 postes (et 361 pour 20 postes) ! A Lyon, les chiffres peuvent atteindre 350€ dans un espace de coworking en bureau ouvert contre 403€ en solution classique pour 10 postes (et 378 pour 20 postes) !
Ce type de lieu permet finalement aux jeunes pousses, PME ou grands groupes – de se tenir au courant des évolutions de pratiques en termes d’aménagement d’espaces de travail, d’astuces et habitudes qui facilitent la vie et le bien-être des salariés. Les utilisateurs disposent vite d’une liste de dispositifs bienfaisants auxquels « ils n’auraient pas forcément pensé » – comme la livraison de repas frais au bureau, ou encore de paniers de fruits et légumes directement issus du producteur… De quoi influencer les choix d’implantation futurs de nombreuses entreprises…
Chiffres clés
– Le nombre d’espaces de coworking dans le monde devrait atteindre près de 20000 cette année et dépasser 40000 d’ici 2024 .
– 5 millions de personnes travailleront à partir d’espaces de coworking d’ici 2024, soit une augmentation de 158% par rapport à 2020.
– Le prix moyen mondial par bureau a baissé de 2,14% entre 2019 et 2020, ce qui illustre l’offre croissante de nouveaux bureaux flexibles.
– Post-COVID, l’utilisation des espaces partagés se déplace vers des bureaux privés (comme le type d’espace le plus souvent demandé), des durées de contrat à plus long terme et des capacités plus élevées (de bureaux nécessaires).
(Source : Global Coworking Survey, juillet 2020)
(*) Il s’agit de consolider l’ensemble des coûts liés à la gestion d’un espace de travail : loyer, charges de l’immeuble, électricité, Internet, eau, reprographie, maintenance (interventions de professionnels et pièces à changer), consommables (café, thé, sel, sucre, sopalin…), ménage, temps RH qui y est consacré, amortissement mobilier et de l’aménagement. La simulation se base sur des hypothèses de dépenses moyennes et de coût de la vie dans les différentes villes étudiées.